9

Bien qu’il fût assez stupide et en eût fourni mille preuves plus accablantes les unes que les autres, François de Bourbon-Vendôme, duc de Beaufort, n’en était pas moins le petit-fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées.

La trentaine, c’était un beau blond aux cheveux longs, à l’air avantageux, à l’élégance recherchée. Excellent escrimeur, il employait un langage ordurier et frayait volontiers dans les bas quartiers de la capitale. Adoré des poissardes et des crocheteurs, il en avait hérité le surnom de « Roi des Halles ».

Entouré de deux gentilshommes, il attendait le comte de Nissac en affûtant le fil de son épée sur la margelle d’un bassin en une attitude où la provocation relevait de l’évidence.

Quand le comte, qui ne fit rien pour se dérober, fut à sa hauteur, le duc vint vers lui de sorte que, flanqué de ses deux amis, il lui barra la route.

Beaufort n’y alla pas par quatre chemins :

— Mais ne serait-ce point le comte de Nissac ?… Voyez-vous, cher comte, je vous regardais, et je regardais également ce bassin et les poissons qui le peuplent en me disant : « Tiens, voilà le premier Nissac qui n’est point marin. » Souffrez-vous donc du roulement de la mer ? Refusez-vous de servir de nourriture aux crabes comme vos glorieux ancêtres ?… En un mot, seriez-vous un lâche, Nissac ?

Les compagnons du duc partirent aussitôt à rire, forçant un peu la mesure.

Nissac, cependant, ne quittait pas Beaufort du regard et le duc, confronté à ces yeux sombres, froids et inexpressifs en ressentit un passager malaise.

Nissac répliqua enfin :

— Ce genre de question ne souffre pas de réponse mais une démonstration.

— J’en suis tout aise et désolé pour vous qui allez mourir !

— Je sais, je sais : des tas de cadavres m’ont dit cela bien avant vous. Êtes-vous prêt, ou allons-nous bavarder ainsi longtemps encore ?

Presque aussitôt les deux adversaires furent en garde tandis que des exclamations montaient des fenêtres du palais et des jardins. D’un regard, le duc de Beaufort constata qu’un public nombreux, où dominait l’élément féminin, allait assister au duel et en fut tout réjoui, savourant à l’avance un triomphe dont il ne doutait pas un instant et pour cause : il demeurait invaincu dans les duels à l’épée.

Cependant, les choses ne se passèrent point comme en son imagination puisque, dès le premier assaut, son épée lui fut arrachée de la main.

Nissac inspecta l’extrémité de sa lame et, sans même lever les yeux :

— Vous avez perdu quelque chose, duc !

Beaufort ramassa son épée en rageant, jugeant qu’il avait sous-estimé son adversaire.

À l’assaut suivant, le duc fut touché deux fois au visage, balafres légères qui formaient une croix.

Nissac inspecta de nouveau l’extrémité de son épée et ne leva pas les yeux.

— On vous dit libertin, voilà de quoi vous ramener en le sein de notre sainte mère l’Église.

Le duc se demanda s’il ne rêvait point. Mais un élément de réflexion appelant urgente réponse lui faisait défaut : Nissac, cette redoutable machine à combattre dont les dieux de la guerre devaient soutenir le poignet, n’avait point appuyé ses coups.

Dès lors, que comprendre ?

Le duc de Beaufort, tout en reprenant sa garde, se trouvait mentalement aux abois : pourquoi ces caresses légères qui lui valaient un premier sang peu fourni quand Nissac, qui n’était que force, eût pu le balafrer gravement ? Pourquoi ce comte le ménageait-il alors que lui, Beaufort, n’avait pour projet depuis le premier instant que d’occire l’homme au regard glacé ?

On ne peut tenir une épée – surtout face à un Nissac ! – et dans le même temps torturer un cerveau fragile avec des questions dont les réponses semblent insaisissables : dominé à l’épée, le duc l’était également en son esprit.

Beaufort se battait mal, de plus en plus mal, se trouvant éraflé à la cuisse, au bras et à l’épaule sans avoir jamais approché Nissac. Sur les balcons et en les jardins, les cœurs volages des jolies Frondeuses avaient déjà changé de camp.

Alors vint l’hallali.

Se pliant avec souplesse, Nissac cingla – toujours sans appuyer le coup – les tibias du duc qui chancela et s’effondra de tout son long face contre terre. Rapide, Nissac tira un long poignard d’une de ses hautes bottes et fendit la ceinture du haut-de-chausses du duc. Puis, d’un geste énergique, il tira sur le vêtement déchiré et deux fesses poilues apparurent sous la froide lumière de décembre.

Alors, d’un geste léger, Nissac zébra le derrière du duc en lançant d’une voix égale :

— Lorsque vous poserez ce cul sur une chaise, duc, pensez aux Nissac et qu’il n’est point recommandé de leur faire injure.

Puis, félin, il se retourna et battit l’air de son épée à deux reprises, en un geste d’invite aux compagnons du duc.

Les gentilshommes se mirent en garde… et ce fut à peu près tout.

Ce fut tout car l’épée du premier se trouva projetée dans un massif quand celle du second acheva sa course dans le bassin et tout cela, en quelques secondes.

— Une fessée, messieurs ? demanda Nissac.

Un instant stupéfaits, les gentilshommes s’enfuirent coudes au corps.

Alors, en un geste de grande élégance toutefois un peu canaille et qu’on eût plus volontiers prêté aux ménestrels charmeurs des temps jadis, le comte de Nissac ôta son feutre marine au bord rabattu qu’ornaient de splendides plumes rouges et blanches et salua les dames, puis il s’inclina légèrement devant un balcon où un homme, vêtu de la pourpre des cardinaux, lui adressa un signe de la main en murmurant d’une voix émue :

— Comte, je n’oublierai jamais cet instant de bonheur !

Enveloppé dans sa longue cape noire, Nissac tourna les talons, sans un regard pour les dizaines de mouchoirs de dentelle et même les jarretières que lui lançaient les belles dames de la Cour.

Sans un regard, non plus, vers la plus belle d’entre toutes, Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue, dix-huit ans depuis septembre, qui murmura :

— Comte de Nissac, vous serez mon premier amant… Ou j’en mourrai !

Les deux amis du duc de Beaufort n’avaient pas été bien loin. En selle avec dix autres jeunes seigneurs, ils attendaient la sortie du comte de Nissac.

Celui-ci parut sur son haut cheval noir et, comprenant la situation d’un regard, il piqua des deux tandis que la douzaine de seigneurs ouvraient le feu au pistolet avant d’entamer la poursuite.

Touché à la hanche, Nissac s’efforçait de réfléchir.

Il souffrait, certes, mais savait d’expérience que pourvu qu’il atteignît un lieu sûr, il s’en remettrait en moins de deux jours.

Sauf qu’il lui sembla peu probable qu’il pût jamais arriver rue du Bout du Monde, qu’il eut assez d’esprit pour trouver bien nommée en la circonstance.

Son cheval sentait le flottement inhabituel de son cavalier à la poigne relâchée et d’ordinaire si sûre et si précise. Désorienté, l’animal adoptait des allures irrégulières et s’affolait de tout, à commencer par le bruit de ses propres sabots sur le pavé de Paris.

Nissac s’était laissé déborder par les événements : ce triple duel beaucoup plus facile qu’il n’avait osé l’imaginer, le signe de distinction du cardinal, les acclamations des jolies dames – « Faemina nobilis Parisiensis » ! –, sa blessure, la poursuite et ce cheval fou de terreur qui n’en faisait qu’à sa tête !

La rue du Bout du Monde et celle de Sainte-Marie Égiptienne, il n’y fallait plus compter à présent. Trop éloignées sur sa gauche.

Débouchant aux Halles, Nissac risqua un coup d’œil par-dessus son épaule et constata avec soulagement que ses poursuivants ne gagnaient point de terrain car à douze en les rues étroites du quartier, ils se gênaient grandement, se cognaient les uns aux autres et ralentissaient leur course.

Le comte de Nissac traversa les Halles sous les injures des commerçants et enfila la rue Au Faire. Il savait à présent où aller et le moyen d’y parvenir.

Il arracha son gant avec ses dents et le tint ainsi puis, se penchant sur l’encolure de son cheval, il lui caressa les naseaux et les yeux de sa main dure et rassurante en lui murmurant :

— Camarade, tu es un cheval de guerre !… Tu as vu plus de boulets espagnols que tous ces puceaux lancés derrière nous, et leurs chevaux avec eux. Alors de grâce, ne me déçois-pas.

Et il serra la bride.

Reprise en main, sa monture, une bête remarquable, gagna en souplesse, allongea la foulée et prit de la vitesse tandis que Nissac l’orientait dans la rue Briboucher.

Un nouveau regard en arrière et Nissac constata qu’il avait perdu ses poursuivants. Il ne ralentit point l’allure pour autant.

Au reste, on faisait place devant lui.

Le martèlement des sabots qui jetaient des étincelles en jappant le pavé faisait d’abord tourner les têtes. Puis, presque aussitôt, on s’écartait en découvrant cet étrange et terrifiant cavalier. Un visage presque invisible sous le feutre marine rabattu sur les yeux, les plumes rouges et blanches en une harmonie qui tenait de Dieu et du diable, l’homme et la bête qui semblaient ne faire qu’un tant le cavalier se couchait sur l’encolure du cheval, le sang écarlate qui ruisselait depuis la hanche sur la haute botte noire et puis l’allure !…

L’allure !

Nissac était la guerre, l’homme de guerre. On devinait le général sans qu’il fût nécessaire de savoir son nom et sa qualité. Avec lui, avec cette silhouette, avec toute cette violence de l’homme couché sur son cheval pour lui allonger l’encolure, on croyait entendre les hurlements des blessés, le bruit des boulets, les remparts qui craquent, les charges qui se brisent, l’infanterie qui reflue. On imaginait le sang, les rubans d’intestins sur la verdeur des prés. On sentait l’odeur de la poudre et les fragrances aigres de la peur.

On s’écartait en se signant pour que la guerre ne vînt point à Paris.

Le cavalier et son cheval aux yeux fous pénétrèrent en la rue Neuve-Saint-Merry et Nissac ralentit l’allure.

Il avisa une taverne, « Aux Armes de Saint-Merry », et descendit de cheval.

Un homme mince et longiligne s’approcha du comte et se présenta comme le propriétaire.

Nissac, qui tenait difficilement debout, le toisa :

— Toi, tu as été soldat avant que d’être aubergiste.

— C’est vrai, monseigneur. Et vous êtes officier.

— J’étais à Lens, lieutenant-général de l’artillerie du prince.

L’aubergiste le scruta avec incrédulité :

— Monsieur de Pomonne, comte de Nissac ?

— C’est moi.

— Monseigneur, mon petit frère sert en vos batteries et n’a que votre nom à la bouche. L’honneur que vous me faites…

Nissac le coupa :

— Aide-moi, ami, cache mon cheval et oublie-moi.

D’une main tremblante, Nissac lui présenta une bourse mais l’homme, en un geste très doux, repoussa cette offre :

— Vous semblez en grand péril, et blessé. Ma maison est la vôtre.

Nissac l’observa et, ne doutant plus de sa loyauté, lui sourit :

— Ma maison est en face, semble-t-il. Soigne mon cheval.

L’aubergiste lui prit la bride.

— Il est plus sacré que le grand Turc !

Puis, tandis que Nissac traversait la rue en chancelant, l’aubergiste entraîna le cheval vers l’écurie.

De l’autre côté de la rue, Nissac frappa de sa main gantée une porte d’un rouge tirant vers les tons bordeaux.

La porte s’ouvrit.

Nissac, regardant la femme qui lui faisait face, songea : « De toute ma vie, je n’ai vu plus beau spectacle. »

Elle correspondait à ce qu’il avait toujours cherché, vainement, en chacune des femmes qu’il avait connues et en fut bouleversé au point qu’il dut faire effort pour se reprendre.

Et c’est d’un ton militaire qu’il se présenta :

— Général-comte Loup de Pomonne, seigneur de Nissac.

Elle le regarda, le cœur survolté.

Elle aima sur l’instant et à tout jamais ce visage fatigué, un peu amer, le regard sombre sous les paupières légèrement tombantes, les joues creuses, les lèvres sensuelles, et songea : « Seigneur de Nissac, c’est donc toi que j’attendais depuis toujours ? »

Puis, les mots « général », « comte » et « seigneur » pénétrèrent son esprit, lui permettant de mesurer l’abîme qui les séparait.

Et c’est plus fraîchement qu’elle lui répondit :

— Entrez vite !

Puis, voyant tout le sang qui ruisselait depuis la hanche jusqu’à la botte, elle ajouta :

— Dépêchez-vous donc, général !

Il fit deux pas dans la pièce et s’effondra.

Les foulards rouges
titlepage.xhtml
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_000.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_001.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_002.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_003.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_004.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_005.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_006.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_007.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_008.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_009.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_010.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_011.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_012.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_013.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_014.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_015.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_016.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_017.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_018.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_019.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_020.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_021.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_022.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_023.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_024.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_025.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_026.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_027.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_028.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_029.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_030.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_031.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_032.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_033.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_034.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_035.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_036.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_037.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_038.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_039.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_040.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_041.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_042.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_043.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_044.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_045.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_046.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_047.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_048.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_049.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_050.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_051.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_052.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_053.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_054.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_055.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_056.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_057.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_058.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_059.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_060.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_061.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_062.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_063.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_064.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_065.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_066.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_067.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_068.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_069.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_070.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_071.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_072.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_073.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_074.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_075.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_076.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_077.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_078.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_079.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_080.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_081.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_082.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_083.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_084.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_085.htm
Fajardie, Frederic H.-Les foulards rouges (2000)_split_086.htm